Alors que les membres du Parlement écossais arrivaient pour le dernier salut de Nicola Sturgeon en tant que Première ministre, certains représentants du SNP ont été aperçus en train d’apporter des boîtes de mouchoirs pour faire face aux émotions fortes attendues pour l’occasion. Mais alors que les mouchoirs étaient distribués aux fidèles députés, le député conservateur Sandesh Gulhane a seulement déploré le fait qu’il n’ait pas été autorisé à prendre des photos de la scène.
Malheureusement pour Mme Sturgeon, ses adversaires n’étaient pas prêts à lui faciliter la tâche lors de sa dernière sortie à Holyrood.
Douglas Ross, le leader des conservateurs écossais, a lancé son premier crochet du gauche en ouvrant la séance de questions.
M. Ross s’est concentré sur le récent scandale des adhésions au SNP, dans lequel le mari de Mme Sturgeon et l’attaché de presse en chef du parti ont été contraints de démissionner après qu’il soit apparu que le public avait été induit en erreur sur les chiffres des adhésions au parti.
Il a demandé : « Pourquoi le parti de Nicola Sturgeon – le parti du gouvernement dans ce parlement – a-t-il menti à la presse et au public ? »
Mme Sturgeon a forcé un sourire aussi convaincant que les démentis initiaux du SNP concernant la perte de 30 000 membres, déclarant hautainement à la salle : « Je n’ai rien à ajouter à ce que j’ai déjà dit ».
Il est immédiatement apparu qu’elle avait en fait beaucoup de choses à ajouter à ce qu’elle avait déjà dit.
Le SNP reste le seul parti de masse dans ce pays – applaudissements – nous avons de loin plus de membres que n’importe quel autre parti représenté dans cette chambre », a-t-elle poursuivi.
Mme Sturgeon a exigé qu’avant de poser d’autres questions, M. Ross clarifie le nombre de députés conservateurs écossais.
Les députés du SNP ont tellement apprécié cette plaisanterie qu’ils ont refusé d’arrêter d’applaudir jusqu’à ce que le président de séance intervienne, peut-être dans l’espoir de pouvoir continuer à applaudir pendant les 55 minutes restantes de la session et d’épargner à leur chef de file sortant le casse-tête d’avoir à répondre à d’autres questions.
Une deuxième question sur l’état du SNP et sa course à la direction qui s’automutile a incité Mme Sturgeon, peut-être pour la première fois de sa carrière, à attaquer M. Ross pour ne pas avoir posé de questions sur « le service national de santé, l’éducation, l’économie ou la justice climatique ».
M. Ross, souriant comme un chat du Cheshire, a chahuté : « J’y viendrai ! »
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C’est le leader travailliste Anas Sarwar qui a ramené le débat sur des questions susceptibles d’intéresser les Ecossais, en demandant à Nicola Sturgeon de résumer « quels sont les nombreux échecs de son gouvernement que le Premier ministre pense que son successeur doit traiter en premier ».
Mme Sturgeon a commencé par dire « avec tout le respect que je vous dois, Anas Sarwar a tout simplement tort », son expression furieuse trahissant le fait qu’elle n’avait aucun respect pour lui.
La Première ministre a ensuite sorti une affirmation si étonnante qu’elle espérait sans doute confondre l’assemblée dans un silence de stupeur permanent.
Elle a déclaré : « Je veux dire, regardons tout d’abord certaines institutions qui n’existaient même pas lorsque je suis devenue Premier ministre : Revenue Scotland par exemple… Social Security Scotland… The Scottish National Investment Bank… The NHS… »
Pour un gouvernement qui semble vouloir réduire à néant les services de santé, revendiquer le mérite du NHS – lancé 22 ans avant la naissance de Nicola Sturgeon – est une affirmation audacieuse.
S’il s’agissait d’une politicienne de Westminster, il ne fait aucun doute qu’Harriet Harman aurait déjà lancé une enquête approfondie pour l’accuser d’avoir induit le Parlement en erreur.
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Une demi-heure plus tard, nous en sommes arrivés à l’objet même de la séance de questions : les adieux de Nicola Sturgeon.
Il y a eu des larmes, des éclats de voix, un sentiment de soulagement – tant de la part de Mme Sturgeon que des députés de l’opposition, des seaux de réflexion teintés de rose, et de l’optimisme pour l’avenir – toujours de la part de Mme Sturgeon et des députés de l’opposition.
Pour ceux qui ont regardé le FMQs en direct, le caractère poignant et l’émotion de l’adieu final se sont effondrés à chaque fois que les caméras se sont tournées vers la galerie publique, où une classe d’écoliers écossais n’a pas réussi à dissimuler son ennui total face à l’événement.
Une fille semblait se curer le nez, un garçon cagoulé était assis en tailleur, le visage sur les genoux, une autre fille regardait le plafond comme si elle demandait une intervention divine pour l’emmener à la cantine parlementaire le plus vite possible.
Mme Sturgeon a terminé son discours en disant : « Cela a vraiment été le privilège de ma vie, et avec ces mots, Monsieur le Président, je tire un trait sur cette période ».
Elle a essuyé une larme, a reçu une ovation prolongée de la part de ses députés d’arrière-ban, et les écoliers qui s’ennuyaient ont été filmés en train de partir à la recherche de leur déjeuner.