Holyrood, le gouvernement écossais décentralisé, est peut-être dirigé par un nouveau chef, mais les problèmes majeurs auxquels il est confronté n’ont rien de nouveau. Les décès dus à la drogue en Écosse sont montés en flèche depuis les années 90, et Humza Yousaf a hérité des chiffres les plus élevés en tant que ministre de la santé en 2021. Aujourd’hui à la tête du Parti national écossais (SNP), ses détracteurs l’ont exhorté à faire de la lutte contre la crise une priorité absolue.
Le 15 février, Nicola Sturgeon a annoncé sa démission surprise du poste de Premier ministre écossais qu’elle occupait depuis 2014.
La course à la direction qui a suivi a vu les trois prétendants débattre de la crise du coût de la vie, de l’état désastreux du NHS Scotland, de la politique sociale et de l’indépendance. À l’exception d’une brève mention dans une interview à la radio à la mi-mars, le problème de la drogue dans le pays a été, semble-t-il, largement négligé.
En 2021, les archives nationales d’Écosse font état de 1 330 décès liés à la drogue. Bien que ce chiffre soit en légère baisse par rapport au pic de 1 339 atteint en 2020 – la première réduction depuis 2013 – il représente une multiplication par quatre au cours des deux dernières décennies.
Depuis de nombreuses années, l’Écosse a le taux de mortalité lié à la drogue le plus élevé d’Europe.
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En 2020, l’Angleterre et le Pays de Galles ont enregistré 80 décès dus à la drogue par million d’habitants, selon l’Office des statistiques nationales (ONS). Le taux pour l’Ecosse est quatre fois plus élevé, à 245.
Il existe des variations importantes entre toutes les régions du Royaume-Uni – de 96 par million dans le Nord-Est à seulement 33 à Londres – mais l’Écosse reste un chiffre remarquable.
Selon l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, elle est également beaucoup plus touchée que les pays les plus touchés sur le continent, tels que la Norvège (85), l’Irlande (73) et la Suède (73).
Les dernières données officielles montrent que 65 % des personnes décédées des suites d’un abus de drogues en Écosse en 2021 étaient âgées de 35 à 54 ans, l’âge moyen du décès étant passé de 32 à 44 ans au cours des 21 dernières années.
Le Scottish Drugs Forum (SDF) fait remonter les racines de la crise à la vague de désindustrialisation des années quatre-vingt. En raison du manque d’opportunités alternatives offertes par l’État à la suite de cette vague, la « génération Trainspotting » – d’après le roman d’Irvine Welsh et le film de 1996 – a connu une montée en flèche de la pauvreté et de la consommation de stupéfiants.
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Quatre décennies plus tard, alors que l’économie écossaise s’est considérablement développée pour devenir la troisième région la plus riche du Royaume-Uni, derrière Londres et le Sud-Est, près de 60 000 personnes ont encore un problème de drogue, selon le SDF.
Les chiffres de 2022 montrent toutefois que la crise a peut-être enfin atteint son apogée, puisque les registres de la police écossaise font état de 1 092 décès dus à la drogue dans le pays.
En décembre 2020, Mme Sturgeon a créé le poste de ministre de la politique des drogues à la suite de la publication de chiffres montrant que l’Écosse était le pire pays d’Europe, ce qui l’a amenée à admettre que son gouvernement avait « perdu de vue la question des décès dus à la drogue ».
Le financement supplémentaire qui a accompagné le lancement d’une « mission nationale » pour s’attaquer au problème – à hauteur de 50 millions de livres sterling sur les cinq prochaines années – a toutefois été qualifié de « terriblement inadéquat pour ce niveau d’urgence de santé publique » dans un rapport du groupe de travail écossais sur les décès dus à la drogue (Scotland’s Drug Deaths Taskforce).
En mars 2023, le Premier ministre sortant Humza Yousaf a nommé l’ancienne ministre de la sécurité communautaire Elena Whitham au poste rebaptisé de ministre de la politique des drogues et de l’alcool.
