« Chaos ». « Sauvage ». « Les pires 24 heures ». Tous ces termes ont été utilisés pour décrire la situation que la BBC s’est créée après avoir choisi de suspendre Gary Lineker dans la dernière querelle d’impartialité qui a secoué le radiodiffuseur public britannique. Alors que les dirigeants de la BBC se précipitaient pour résoudre la crise qui s’était déclenchée au sein de l’organisation, Gary Lineker a assisté à la défaite 3-1 de Leicester City contre Chelsea, samedi, avec un comportement calme, sachant peut-être que tout finirait par rentrer dans l’ordre.
Le présentateur le mieux payé de la chaîne a été informé qu’il ne présenterait pas Match of the Day tant qu’une « position claire et convenue » n’aura pas été adoptée sur la manière dont il utilise les médias sociaux. Lineker avait comparé le langage utilisé concernant la politique d’immigration du gouvernement à celui de l’Allemagne nazie dans des tweets au début de la semaine. Lundi matin, la BBC a cédé à une humiliante volte-face à la suite d’une énorme réaction et Lineker a été réintégré.
Dans les 48 heures qui ont suivi la décision de la BBC de suspendre Lineker pour son tweet, le géant de la radiodiffusion a perdu le soutien de tous ses commentateurs et experts habituels de Match of the Day, de ses commentateurs radio indépendants et de son personnel de production, qui ont décidé de boycotter l’émission. Les seuls qui restaient étaient contractuellement obligés de le faire.
Tout a commencé avec le retrait de Ian Wright, puis d’Alan Shearer – les co-animateurs de Lineker au MOTD – de l’émission le vendredi soir. Lorsque les animateurs suppléants Jermaine Jenas et Alex Scott ont choisi de ne pas les remplacer, la BBC s’est retrouvée en mode crise.
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L’émission de football du samedi midi, Football Focus, a été supprimée et Final Score, le service de résultats en direct de la BBC, a suivi peu après. BBC Radio 5 Live, qui diffuse les commentaires de la Premier League, a été le prochain domino à tomber. Le bulletin d’information de 10 heures de BBC TV ne comportait pas de reportage sportif complet, se contentant de mentionner la défaite de l’Angleterre face à la France dans le cadre du Tournoi des Six Nations.
Mais le vrai titre est que le MOTD, au lieu de son créneau habituel de 90 minutes, a été diffusé avec seulement 20 minutes de faits marquants, sans commentaire. Aucun présentateur, commentaire ou analyse n’a été diffusé aux téléspectateurs, rappelant subtilement l’abandon ressenti par la BBC à la suite de sa décision.
Le MOTD2 du dimanche a été touché de la même manière, son animateur habituel Mark Chapman s’étant retiré pour soutenir Lineker.
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Au sein de la BBC, le personnel avait du mal à faire face à la situation. Selon The Athletic, un journaliste senior de la BBC a décrit l’ambiance de samedi comme « sauvage », tandis qu’à Salford, dans le nord du pays, c’était le « chaos ».
Des spéculations sur la démission de grands noms de la BBC ont circulé dans les conversations WhatsApp, et il est vite apparu que des présentateurs non sportifs s’étaient joints au mouvement de protestation contre la suspension de Lineker.
Le rapport ajoute que les employés se sont plaints du manque d’information de la part de la direction, alors que les patrons de la BBC se trouvaient au cœur d’une véritable crise. La situation sur la radio locale de la BBC était si incertaine qu’un journaliste aurait déclaré que des directives avaient été diffusées pour faire face à la situation si les journalistes étaient écartés des interviews.
Finalement, tout le personnel de la BBC a reçu un mémo dans l’après-midi, avec la promesse de « sessions du personnel » – en personne ou sur Zoom – le lundi. Cela s’est fait avant les excuses du directeur général Tim Davie à 10 heures du matin, qui a publié une déclaration désolante à l’intention de Lineker.
Davie, qui s’est fait ironiquement ouvrir la porte par un journaliste de la BBC à Washington D.C., a admis que la journée avait été « difficile », mais cela ne reflète pas le véritable sentiment de désarroi ressenti par ceux qui ont été réellement affectés par leur décision.
Andrew Clement, rédacteur en chef du football à la BBC, a écrit sur Twitter que vendredi et samedi avaient été « les pires 24 heures que j’ai vécues en plus de 30 ans à la BBC Sport ». Le président de la BBC, Richard Sharp, fait maintenant face à des appels de plus en plus nombreux à démissionner suite à la polémique qui a éclaté après la décision de suspendre Lineker.
Il s’est avéré par la suite que la version courte produite par la BBC avait enregistré une augmentation de 500 000 téléspectateurs pour le programme du samedi. Mais en réalité, il s’agissait peut-être simplement d’une intrigue plutôt que d’une forme plus populaire de diffusion du programme – les gens voulaient voir à quel point le résultat serait désastreux. Et à part quelques tweets de députés conservateurs, la réaction générale a été extrêmement négative.
Il semble que la BBC ait fait marche arrière en ce qui concerne Lineker, les discussions progressant à un rythme qui pourrait permettre le retour de l’animateur de 61 ans pour la FA Cup.
Mais le mal était fait pour la réputation de la BBC. La décision de faire un exemple de son présentateur le plus connu en raison de sa propre opinion a menacé de faire tomber toute une opération supervisée par des centaines de personnes. Et à l’avenir, une répétition de ce gâchis pourrait s’avérer fatale pour sa crédibilité et ses moyens de subsistance.
