On se souvient du 27 mars comme du jour où 65 000 Juifs ont été déportés du camp d’internement de Drancy, en France, vers les camps d’extermination allemands en 1942. Le complot visant à les déplacer a été élaboré par l’Allemagne nazie, dirigée par Adolf Hitler. Pourtant, l’histoire nous montre qu’il y avait aussi un collaborateur : la France de Vichy. Pendant des années, les dirigeants de la France de Vichy – l’État français indépendant en temps de guerre, principalement sous l’emprise des nazis – ont gardé le silence sur leur complicité.
La France n’a réellement détaillé son propre rôle dans le soutien aux nazis qu’en 1995, lorsque le président de l’époque, Jacques Chirac, a reconnu la position de l’État.
Plus récemment, Emmanuel Macron, le dirigeant sortant, a prononcé l’année dernière un discours dans lequel il a condamné la position de la France pendant l’Holocauste, dénonçant ceux qui, à droite, ont apaisé la position du gouvernement de Vichy.
« Il est commode de voir le régime de Vichy comme né du néant, retourné au néant », a déclaré M. Macron. « Oui, c’est commode, mais c’est faux. On ne peut pas construire une fierté sur un mensonge ».
La réalité de la façon dont la France de Vichy a volontairement soutenu la persécution du peuple juif par Hitler a été mise à nu par l’auteur Robert Paxton, qui a écrit en 1972 le livre Vichy France : Old Guard and New Order, 1940-1944.
S’adressant au Smithsonian Magazine, il a expliqué comment, avant l’occupation nazie, la France elle-même avait mis en place des politiques visant à exclure les Juifs de la fonction publique et avait commencé à saisir les biens appartenant à des Juifs.
Il a déclaré : « Le gouvernement de la France de Vichy a participé volontairement à la mise en œuvre de cette politique : « Le gouvernement français de Vichy a participé volontairement aux déportations et a procédé à la plupart des arrestations.
« Les arrestations de Juifs étrangers impliquaient souvent de séparer les familles de leurs enfants, parfois en plein jour, ce qui a eu un effet très puissant sur l’opinion publique et a commencé à retourner l’opinion contre les Juifs étrangers. [French general] Philippe Pétain ».
Parmi les « rafles » de Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, il y a eu celle de juillet 1942, appelée Vel d’Hiv. Il s’agit de la plus grande déportation de Juifs de France qui ait eu lieu pendant la guerre, avec quelque 13 000 personnes arrêtées et emmenées à Auschwitz.
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Tragiquement, parmi ces personnes, 4 000 étaient des enfants, exilés avec leurs parents pour des raisons « humanitaires », c’est du moins ce qu’affirmait le Premier ministre français de l’époque, Pierre Laval.
Si les enfants étaient restés, personne ne se serait occupé d’eux. La BBC a rapporté que sous le régime de Vichy, plus de 75 000 Juifs ont été envoyés dans les camps de la mort.
La question de savoir si la France de Vichy était un « gouvernement fantoche ou un collaborateur volontaire des nazis » a été analysée par Lorraine Boissoneault, écrivant pour le Smithsonian Magazine, et auteur de The Last Voyageurs : Retracing La Salle’s Journey Across America.
L’Allemagne déclare la guerre à la France le 3 septembre 1939, après l’invasion de la Pologne par les nazis. Pendant huit mois, les Français attendent une frappe. Surnommée la « drôle de guerre », l’impasse se termine en mai de l’année suivante après la guerre éclair de l’Allemagne.
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Mme Boissoneault a déclaré : « En l’espace de quelques semaines, les Allemands avaient pénétré profondément en France et le gouvernement français était contraint de prendre une décision impossible : se regrouper dans ses colonies d’Afrique du Nord et continuer à se battre, ou signer un armistice avec l’Allemagne.
« Le Premier ministre Paul Reynaud estime qu’il faut continuer à se battre, mais la majorité des représentants du gouvernement sont d’un autre avis.
Elle ajoute : « Les troupes allemandes ont occupé la moitié nord du pays, faisant deux millions de soldats français prisonniers de guerre, tandis que le gouvernement français travaillait depuis sa nouvelle base de Vichy, une ville thermale située au centre du pays.
« La plupart des nations reconnaissent la légitimité du gouvernement de Vichy ; les États-Unis envoient William Leahy comme ambassadeur, poste qu’il occupe jusqu’en mai 1942. Pendant ce temps, Charles de Gaulle s’oppose à la légitimité du gouvernement de Vichy depuis Londres, où il a commencé à travailler pour le mouvement de la France libre. »
Mais pour M. Paxton, la France de Vichy était « autoritaire » dans son approche de la guerre.
Il a conclu : « Elle n’agit pas comme un régime fasciste parce que traditionnellement les élites doivent céder : « Elle n’agit pas comme un régime fasciste parce que, traditionnellement, les élites doivent céder, et dans l’autoritarisme, elles conservent le pouvoir. Mais tous les juifs étrangers ont été placés dans des camps, la dissidence a été réprimée et, d’une certaine manière, il s’agissait de plus en plus d’un État policier.
Avant l’invasion de la France, Hitler a profité d’un discours prononcé en octobre 1939 pour exposer sa propre vision des relations franco-allemandes. Il a même offert un rameau d’olivier à la Grande-Bretagne.
« Mon principal objectif a été de débarrasser nos relations avec la France de toute trace de mauvaise volonté… », a déclaré le dirigeant nazi. « J’ai toujours exprimé à la France mon désir d’enterrer à jamais notre ancienne inimitié…
« J’ai consacré non moins d’efforts à la réalisation de l’amitié anglo-allemande… Pour atteindre ce grand but [of peace]les principales nations de ce continent devront un jour se réunir afin d’élaborer, d’accepter et de garantir un statut sur une base globale qui leur assurera à toutes un sentiment de sécurité, de calme, bref, de paix…
« Il est tout aussi impossible qu’une telle conférence, qui doit déterminer le sort de ce continent pour de nombreuses années, puisse poursuivre ses délibérations pendant que des canons tonnent ou que des armées mobilisées exercent une pression sur elle… »